July 30th, 2023

Sept années. Parfois j'ai le vertige à voir le temps qui s'est déroulé depuis que je me suis retrouvé au bord de ce précipice. Me demandant souvent comment j'ai fait pour aller de l'avant, persévérer malgré la destruction qui m'avait sapée dans ma quasi entiereté.

Il m'a fallu du temps pour me rendre compte que je ne m'étais pas reconstruit totalement, que j'avais reconstruit mon être autour de ce puit de douleur. Du temps pour accepter aussi qu'un autre fût moi, cet autre que je pensais encore toujours être ou pouvoir être. Pourtant on change profondément.

Si des sentiments peuvent nous porter si haut, ils peuvent aussi être source d'une destruction sans pareille, nous forçant à nous réinventer et à réunir ces bribes de ce que l'on a été pour construire un nouveau nous que l'on doit apprivoiser.

Sept ans que j'apprends peu à peu ce nouveau moi que je suis, avec ses errements, ses interrogations, ses surprises.

Au delà de la douleur, cette reconstruction m'a aussi forcé à doucement vers le deuil de choses que je pensais parties intégrantes de ma personnalité, me forçant par exemple à dire adieu à mon hypersensibilité qui me faisait pleurer à chaudes larmes à la fin de certains livres ou de films.

Si la douleur s'est éteinte, ou comme on dit j'ai grandi autour diminuant son emprise, cet apprentissage, cet effort d'être à nouveau, de se réapprendre et réapprivoiser est pourtant un travail constant depuis sept ans. Et si le chemin parcouru depuis s'est avéré important, cette impression d'être parfois un inconnu à soi-même perdure.

J'ai longtemps souhaité n'avoir jamais connu ce qui a provoqué cette destruction, cette douleur. Mais dans son sillage elle a amené tellement de choses positives qu'il m'est maintenant difficile de les dissocier. Alors on va de l'avant, fier de cette reconstruction, apprenant chaque jour un peu plus qui je suis désormais.