More Than a List of Flaws

this too shall pass

Adieu l'oiseau

Il m'a fallu du temps (et le bannissement d'un de mes comptes), pour décider de prendre mes bagages et décider de quitter Twitter. Ca peut paraitre étrange, mais ce site m'avait tellement apporté avec les années qu'il m'a fallu beaucoup de temps pour réaliser qu'il était devenu une sorte de relation toxique où le temps que j'y investissais était transformé en maux de ventres incessants.

Twitter a été le lieu où j'ai rencontré pléthore de personnes centrales dans ma vie d'aujourd'hui. Il a été le lieu aussi qui m'a fait rencontrer mon fiancé (et bientôt mari). Il a été un lieu d'échange fort, un lieu qui m'a poussé à m'investir en politique (avant de m'en dégoûter totalement). Il a été le lieu d'échanges intellectuels intenses, mais aussi de fous rires. Pour un introverti peu à l'aise dans des gros groupes, ce petit site a été une occasion magique de rencontrer des personnes uniques

Mais Twitter a aussi été la source de bien des maux. C'était certains cercles impénétrables où l'on te faisait sentir que tu étais mal venu, c'était des trolls combattant des flamingants imaginaires qui prenaient un plaisir à harceler des personnes de plus de 20 ans leurs cadets jusqu'à m'en faire trembler et pleurer dans la nuit. Mais c'était aussi ce réseau qui m'a donné une amie qui m'a tapée sur l'épaule et dis "laisse, je prends le relais, je connais, je vais gérer à ta place" (merci du fond de mon coeur pour cette soirée Marie).

Des amitiés et des cicatrices il y en a eu beaucoup à travers les 15 années que j'y ai passées. Des souvenirs, des soirées, beaucoup. Des personnes trésors énormément, elles éclipsent d'ailleurs les cicatrices. Mais plus les années passaient, moins je reconnaissais ce réseau.

Loin d'accuser Twitter de tous les maux de nos démocraties, je le trouve un triste reflet de l'époque. La polarisation "à l'anglo-saxonne" a touché tous les pans de la société. Là où on échangeait, on discutait, on grandissait, désormais l'on invective, on cherche la répartie cinglante et blessante pour pouvoir compter les points. Chacun se campe sur ses positions, bombardant allègrement de l'autre côté sans la moindre parcelle d'intelligence. La généralisation fait loi, la répartie est acide.

Twitter est devenu aussi un puit sans fond de colère humaine, de frustration à ciel ouvert. Là où certains avaient créé un fichier listant l'indignation du jour, beaucoup ne semblent pas avoir saisi le ridicule de la chose, et l'on devrait désormais passer à l'indignation de l'heure pour suivre le rythme. D'un endroit où je venais chercher comment occuper mon ennui, où je prenais plaisir à aller rencontrer d'autres personnes et me faire de nouvelles connaissances, Twitter est devenu un ulcère à ciel ouvert.

Cet oiseau bleu a accompagné mes plus belles années bruxelloises, il a formé mon noyau dur d'une époque tristement révolue, mais dont certains persistent même si de manière moins présente. Les années ont passées et certains (dont moi) avons fait nos valises (réelles cette fois ci) pour partir l'un dans une autre ville, l'un dans un autre pays. D'autres malheureusement nous ont quittés (putain de crabe), laissant des souvenirs impérissables qui quelques soirs me font monter la larme à l'oeil.

J'ai verrouillé mon compte, je n'y retourne que pour les messages que mes amis encore présents m'y envoient (et les jolis messieurs quand même ne gâchons pas le plaisir) et j'ai déplacé mes valises sur Mastodon. Tout n'y est pas parfait, l'ambiance y est même beaucoup plus punk / queer que ce dont j'avais l'habitude, mais peu à peu j'y retrouve un peu le plaisir d'avant.

Mastodon demande d'être un jardinier, de bien filtrer, sélectionner ceux qui reproduisent les schémas qui m'ont fait partir, ... mais j'y retrouve un peu cette joie de discuter avec des inconnus, d'apprendre, d'échanger librement, de sauter dans une conversation au hasard.

J'ai mis un pied dans Bluesky aussi, qui m'a reproduit à l'identique mes abonnements Twitter d'il y a 10 ans et où j'ai un peu l'impression de vivre des retrouvailles de lycée, mais où l'on sent quand même chez tous les marques que les années ont laissées. Mais Bluesky reste trop attaché à Twitter, et si Musk a fait beaucoup de dégâts, je n'oublie pas ceux que Dorsey avait déjà fait avant lui.

C'est donc un adieu à l'oiseau bleu que j'avais besoin d'écrire pour exprimer ce que ce site m'avait fait ressentir et m'avait apporté à travers les années. J'en garde le meilleur, ces personnes trésors que je retrouve parfois lors d'occasions trop rares, mais qui me font toujours autant de bien.

Quinze années que je referme avec un goût aigre-doux sur le bout de la langue, mais dont le temps se chargera de faire le tri pour ne me laisser que le meilleur. Et une nouvelle aventure à tracer pleine d'inconnues que je suis déjà impatient de découvrir.

Merci pour ces rencontres. Merci Wilhem, Xavier, Lionel, Marie, Melissa, Sophie, Audrey, David, Simon, Anne-Julie, Arnaud, Ben, Nico, Greg, Louis, Lukasz (sorry j'ai pas ton L bizarre là), Medhi, Fred, Amaury, Adrien, Patrick, Pascal, Florence, Ulysse, Seb, Anthony, Steeve, JF et j'en oublie sûrement. En espérant se revoir bientôt ailleurs, et autrement.

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Simon - Nithou

Simon - Nithou

UX Whatever • Destroying the world one pixel at a time • Undercover Belgian in Paris • Reformed Gifted Child • Depressive Author • Dad of two cats • 🏳️‍🌈🇪🇺